Mission Reportage Traite (MRT)

23 Sep

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La mission : Documenter la traite des enfants au Togo
Reporter : Guillaume et Sarah
Organisation partenaires : RELUTET, Carrefour International et SCAC
Membres visités : PAFED, SAD, AREDEE, ODPE
Lieux : Sokodé, Kambolé, Dapaong, Kara
Période : du 10 au 16 septembre 2013

La traite des enfants existe- t-elle réellement au Togo?

Après 4 mois de travail avec le RELUTET, j’ai cru important d’aborder la problématique de la traite des enfants de front au lieu de tourner autour du sujet. logo-relutet-gif Les activités de préventions sont importantes ainsi que tous les efforts que les membres du réseau accomplissent pour leur communauté, mais ce n’est pas la traite même. J’ai cru important. lors de mon mandat de produire un vidéo spécifiquement sur la traite.

Voilà ce qui en est de la traite des enfants au Togo.

Première étape : Sokodé 

P1040843À Lomé et à Sokodé, j’ai donné une formation sur la rédaction d’articles, je me suis dit que ce serait bien d’écrire un article sur la traite des enfants à mon tour. Derrière moi on voit le futur site du RELUTET qui, je l’espère, va se retrouver sur la toile un jour. C’est beaucoup de travail qui maintenant fait face à certains obstacles hors de mon contrôle.

Ma formation sur la rédaction d’article est ici:

http://prezi.com/slg66bm1zqlf/la-redaction-darticle/

Lors de cette formation nous avons profité de l’occasion pour aller visiter l’ONG PAFED lors d’une rencontre de femmes.

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À cette rencontre, la coordinatrice de l’ONG, nous a donné notre première entrevue sur la traite et nous a principalement parlé des enfants qui partent pour le Nigéria comme  aide familiale. Les aides familiales, bonnes, boys ou ménagères sont ces enfants qui lavent les plats et les habits dans plusieurs familles et que je me suis toujours demandé d’où ils venaient. Désormais je me le demande encore plus.

Deuxième étape : Kambolé

Cette rencontre avec SAD – Solidarité Afrique Développement,  fut la plus fructueuse, puisque que malheureusement, c’est à cet endroit qu’il y a le plus de cas de traite. Kambolé étant située à la frontière du Bénin, est un important lieu de passage des trafiquants d’enfants qui partent vers le Nigéria ou Cotonou au Bénin. À Kambolé, j’ai pu interviewer un ancien trafiquants d’enfants et plusieurs victimes de traite ainsi que leurs mamans.

  • Une jeune fille m’a expliqué en anglais qu’elle est partie 3 ans dans une famille au Nigéria. Là-bas, elle était la première à se lever vers 4 ou 5 heures le matin et la dernière à se coucher dans la nuit. Au départ, étant togolaise elle n’était pas habituée à la préparation des plats nigérians donc, on la frappait lorsque ce n’était pas au goût des patrons. On la frappait pour plusieurs raisons. C’est sa grand-mère qui l’avait amené travailler dans ce pays. La jeune fille était payée seulement 5000 par mois (10 $) ou 50 000  par année (100$). Elle pensait retourner dès qu’elle terminerait son apprentissage de la couture pour acheter du matériel après avoir travaillé encore 3 ans là bas. Elle a dit: «  Il n’y a pas d’argent ici.« 

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  • Lors de cette entrevue, l’enfant qui s’était fait avoir en suivant son ami et un trafiquant et qui finalement s’était perdu en pleine ville, pleurait et honteusement essuyait ses larmes. C’était la saison du sésame et l’entrevue était rythmée sur les cliquetis de toutes ces femmes décortiquant les graines.

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  • L’ancien trafiquant que nous avons rencontré autour d’une grosse bière comme un vieil ami, nous a expliqué que lui-même avait travaillé dans les plantations et les champs étant jeune et que le travail y était très difficile. Ensuite il est devenu trafiquant à son tour et faisait ses actions aux yeux de tous. À l’époque ce n’était pas caché comme aujourd’hui et les parents des familles pauvres amenaient leurs enfants afin qu’il les prenne avec lui. Il marchait pendant 2 semaines pour se rendre aux plantations. Il nous a parlé de la drogue que les enfants consommaient pour pouvoir travailler si durement dans les champs.

De nos jours à Kambolé, c’est le dimanche pendant la nuit que des vieilles voitures passent par cette route et que les trafiquants recrutent les enfants pour ce long voyage à ce moment, à l’abris des regards.

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  • Parfois il fallait pousser un peu pour avoir certaines informations et sortir des généralités sur la traite des enfants. Cette petite fille s’était perdue en vendant de l’eau (pure water) sur sa tête, la gendarmerie l’a aidée à retrouver son village, elle venait juste de revenir de la grande ville.

Troisième étape : Dapaong

La route de Dapaong au nord du Togo est mauvaise et plus on approche de la ville, plus il y a d’enfants Talibés ou Garibous (Ces enfants qui mendient pour l’école coranique). Je tiens à remercier Roger de AREDEE d’avoir traversé, pour l’entrevue,  tout le Togo en pleine nuit pour finalement rester coincé sur la « route » à 1 minute de son bureau. P1050004

Dapaong étant plus près du Ghana et du Burkina Faso que du Bénin les cas de traite ne sont pas les mêmes.

  • Certains des enfants partent pour être esclaves sexuelles au Burkina, principalement des jeunes filles.
  • La majorité des enfants victimes de traite dans la région partent plutôt pour les plantations de cacao, de café et de coton en côte d’ivoire, ça donne envie de ne plus manger de bon chocolat (mmm). Je ne bois déjà pas de café et je porte des vêtements de friperies.

P1050007Ici une jolie fleur de coton. Les plantations de coton là où le beau et le laid se rencontrent. Il faut comprendre que ces enfants qui partent avec des promesses dans la tête et reviennent la majorité du temps avec rien si ce n’est que très peu d’argent, des problèmes de santé reliés à l’utilisation de pesticides,  de produits chimiques et la sous-alimentation, des addictions à la drogue, des ITS ou encore un bébé dans le ventre.

Quatrième étape : Kara

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Cet homme qui s’occupe d’un orphelinat nous a raconté une longue histoire d’un « enfant sorcier » puis vu que ça n’avait  aucun lien avec la traite, j’ai réussi à revenir sur le sujet du reportage.

  • À Kara il y a des cas de traite interne c’est à dire que les enfants partent pour faire les aides-familiales dans des familles qui se trouvent dans le même pays. Je ne sais pas pour vous mais selon moi un enfant devrait à l’école et s’épanouir.
  • Il a aussi parlé de la problématique qui se déroulait lors des vacances scolaires, lorsque plusieurs des jeunes partaient dans des villes comme Cotonou au Bénin et Lomé pour faire des tâches ménagères.

Donc en fin de compte, ce qui est bien, c’est qu’il y a eu une certaine sensibilisation au niveau de la traite et que la situation est moins dramatique. Les parents sont plus au courant et moins enclin à vendre leurs enfants. Toutefois il reste toujours du travail à faire.

En cliquant sur les nuages vous allez voir plus de photos de ce périple au nord du Togo.

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2 Réponses to “Mission Reportage Traite (MRT)”

  1. Mohamed HAIDARA 27 septembre 2013 à 8 h 58 min #

    du courage mon ami et bon ce jour au Togo n’oublie pas  le disque dure si possible toute la famille te salut.

    ________________________________

  2. rÉGINE 24 septembre 2013 à 11 h 51 min #

    bravo guillaume, ton reportage est clair et simple, mais complet aussi, bravo pour tout ton travail et ta progression dans c
    e milieu

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